jeudi 2 janvier 2014

Municipales: renouveau démocratique ?

 Point de vue de Pierre Calame, écrivain et Président de la Fondation Charles-Léopold Mayer (1)

Les élections municipales à venir vont-elles être une contribution à un renouveau démocratique ou vont-elles aggraver la crise de la démocratie ? Question majeure car le maire est le dernier rampart. Il reste la figure la plus estimée et la plus familière de l'exercice du pouvoir politique. On le suspecte moins d'agir de façon purement partisane. D'ailleurs, la gestion des communes exige une continuité sans rapport avec la durée de chaque mandat.
Le véritable enjeu des municipales n'est pas d'en faire un énième test de popularité du gouvernement, ou de l'opposition, mais de savoir si la campagne électorale contribuera à redonner ses lettres de noblesse à la politique ou à l'enfoncer encore plus dans le discrédit.
En 2012, quand la campagne présidentielle semblait s'enflammer et promettre un taux de participation élevé, ce que l'on croit la preuve de l'intérêt des citoyens pour la politique, jai poussé un cri d'alarme (2), convaincu que la fièvre des élections dissimulait une très profonde crise.
 La suite des évènements m'a hélas donné raison.... Jamais, peut-être, le fossé entre démocratie formelle et démocratie substantielle, entre le rituel des élections périodiques et la capacité à agir ensemble sur notre destinée, n'a paru aussi infranchissable. Avec Nicolas Sarkozy puis François Hollande, des records d'impopularité ont été atteints. L'action présidentielle, sans rapport avec la continuité nécessaire pour de grandes réformes, est discréditée.
On dit la société française fatiguée. Mais cette fatigue est psychologique et non physique. Bien sûr, la crise est là. Mais elle n'explique pas tout. Les conditions et le cadre de vie des Français restent exceptionnels en comparaison du reste du monde, mais les Français sont les plus pessimistes. Un ressort s'est cassé. Le monde politique y a sa part de responsabilité. A toujours traiter les problèmes en surface, à rester attaché à des modes de pensée et d'action sans rapport avec les réalités, à prendre l'agitation pour du volontarisme, à garder l'œil fixé sur des humeurs publiques et les sondages plutôt que l'horizon à long terme, le monde politique à troqué son devoir contre ses intérêts.

On ne retrouvera la confiance qu'en concevant la politique autrement.

Le mal français se résume à un mot : la défiance. Défiance du peuple à l'égard de ses gouvernants, et des gouvernants à l'égard du peuple. Défiance de chacun à l'égard de ses voisins. Manque de confiance en l'avenir et, finalement, perte de la confiance en soi.
On ne retrouvera le chemin de la confiance qu'en concevant la politique autrement : comme une éthique et une méthode. Ethique de la responsabilité et de la co-responsabilité. Méthode permettant à la fois de faire coopérer ensemble les différents niveaux de gouvernance à la réponse à des défis qu'aucun ne peut relever seul. Méthode permettant d'associer tous les acteurs à la gestion de la cité.

(1) Signataire du Pacte civique, collectif de citoyens et d'associations pour un renouveau de la vie politique.

(2) Sauvons la démocratie ! (Editions Charles-Léopold Mayer 2012)

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